Vung Tau (troisième partie)

On arrive au restaurant, et Huan nous commande un gros poisson du coin, grillé, il faut pendre un morceau de poisson, le déposer dans une petite galette de riz préalablement ramollie dans l’eau, et ajouter ananas, concombre, vermicelles etc…on en fait un petit rouleau et on le trempe dans une sauce : c’est délicieux, sur la table des coques et des « crevettes » qui ressembleraient plus à des homards ! Huan nous fait un bref historique de l’orphelinat : « TD était professeur, un jour elle suivi sa chef dans le service social de la ville et tout a commencé : elle a d’elle même loué un petit local et y venait tous les soirs, après son travail, elles étaient deux et s’occupaient d’une dixaine de nourrisson, non stop (TD a elle-même trois enfants) et puis les autorités lui ont aloué ce bâtiment des années 50’, qui était dans un triste état : il faut tout refaire progressivement, les sanitaires, les canalisations…le sous-sol était constamment inondé, il a fallut que je fasse creuser un gros tunnel d’évacuation, que je fasse une maquette, ça prend du temps…Huan nous raconte des brides d’histoires, la vie de l’orphelinat. « les enfants arrivent ici avec la police, parfois menottés » « Quel age ? » « 8,9 ans ça commence les bêtises » « la jeune fille de tout à l’heure (une adolescente qu’on a croisé, 17 ans mais en paraît 12) elle est arrivée menottée, pendant 3 jours elle n’a pas mangé, elle se tient à l’écart, veut rester seule, je lui ai fait passer des bonbons par l’intermédiaire des autres filles pour qu’elle se fasse des copines, je lui ai dit : fais moi plaisir, mange un petit peu…et viens me voir quand tu veux. L’autre jour elle est venue, elle ma raconté un bout de son histoire, j’ai senti ce qu’elle voulait et j’ai anticipé : « tu voudrais apprendre à lire et à écrire ? » « oui » elle vient me voir en cachette des autres et l’autre foi on a fait un karaoké tous les deux et j’ai vu qu’elle pouvait déchiffrer le texte. « Les gens n’aident pas ici, il y a encore de vieilles croyances : les enfants abandonnés le seraient parce que dans une vie antérieure il ont fait quelque chose de mauvais : ce n’est pas pour rien qu’ils seraient ici » « Au début un centre ici c’était mal vu dans le quartier, les enfants difficiles, la délinquance, j’ai fait des journées porte-ouvertes, expliqué, parfois quand une bêtise est commise dans le quartier et qu'on arrête le coupable je fais discrêtement remarquer que ce n'est pas un des nôtres". "officielement on reste jusqu'à 16 ans à l'orphelinat, mais TD les garde jusqu'à 18 ans, parfois plus tant qu'il ne sont pas prêts". Huan nous parle de TD, de leurs relations plutot houleuses parfois "ca me coute cher en fleurs...heureusement des fleurs il y en a beaucoup ici " Tout a l'heure TD lui a envoye un sms "Demande leur s'ils veulent aller aux toilettes ils n y sont pas alles depuis des heures" :) "Elle est tres connue ici, tout le monde l'aime, la sollicite, elle me dit: 'tu sais parfois je me doute bien que certains en rajoutent, mais je ne les connais pas tous et si je ne donne pas quelque chose je passerais peut etre a cote de celui qui en a vraiment besoin..." "Elle a toujours peur de se tromper, de ne pas choisir la bonne famille, quand les gens doutent elle se dit qu'ils n'aimeront peut être pas autant cet enfant qu'il devrait l'être". "Quand elle est venue en France elle m'a dit: tu sais j'ai vu comme il était difficile de récolter de l'argent la bas, les gens vendent des libellules, de petits objets...il faut qu'on fasse très attention a nos depenses". Huan nous raconte la période ou les bébés ont eu la brochiolite, cela correspond à l'appel aux dons de médicaments lancé par christophe: "TD a été trés marquée par la mort des enfants il y a trois ans (juste avant l'adoption de Lili) on a pas dormi pendant quatre jours, hydrater les bébés, les soigner, les baigner, heureusement un medecin francais nous "paulait "Tu veux rentrer TD "Non je reste".On a perdu un bébé, une petite fille qui était diabétique, les autres ont été sauvés. "L'autre jour on a trouve un bébé dans la rue, il était piqué par les fourmis, noir tout le cou et les jambes, ce bébé ne pleurait jamais quand il avait faim ce qui n'est pas normal": on l'a fait examiner: sa gorge etait complètement rouge, tout la trachée tellement il avait crié à cause des fourmis... "il va bien, on pourra le voir demain?""oui il va bien, je vous le montrerais".Huan les larmes aux yeux nous parle des derniers jours de Van Hieu et c'est trés dur..."tu veux quoi comme cadeau?" "un tee-shirt de Zidane, oh et puis non, un jeu pour jouer avec mes copains c'est mieux" il nous raconte commemt Hieu n'allait pas bien, comment il a acheté du sang pour la transfusion, le sang n'était pas la, il a fait un scandale, et puis le medecin a transfusé, ils ont emmené Hieu dans la voiture jusqu'a la mer, car il voulait la voir, il l'a porté et alongé" "Vieux père, c'est beau hein" ils sont rentrés et Hieu a joue un peu, puis a demandé à se coucher, il s'est éteint dans son sommeil et tous les enfants du centre ont tenu a aller a son enterement. Ensuite on parle de choses plus confidentielles, du don qu'on a fait, à quoi il sert, "l'état donne 0,25 euros par jour par enfant, c'est dur de le dire mais les 2% d'enfants adoptables "financent" les autres, c'est la réalité "on parle de l'adoption avec les français et je suis triste pour les familles en attente car ça ne risque pas de s'arranger... je peux en revanche rassurer les membres du ca de l'asso quand ils reçoivent des messages alarmants, Huan et TD ne sont pas prêts de se quitter!!!. On sort et Huan nous propose de venir demain matin, mais demain j'ai un autre rendez-vous, j'aimerai lui en parler mais j'ai peur qu'il me dissuade, ce rendez-vous-ci est pour Lili.

Comments

[anabricol]

merci huan... merci tran dai

[Marmotte]

Supers émouvants tes posts, ça fait remonter plein de trucs, de souvenirs et toujours cette phrase qui résonne "et il faudrait faire ça, et ça, etc...". Tant de chose à faire, si peu de moyens...

[caro(rocarossi)]

toujours autant boulversée par tes mots. Cette histoire de fourmis, ces petits si courageux, pfouuuuu je ne peux encore pas retenir mes larmes Marie et pourtant je sais que ce n'est pas pour cela que tu racontes, ce n'est pas pour nous faire pleurer, mais tout simplement parce qu'il faut temoigner, pour essayer d'ajouter des gouttes d'eau à toute cette chaîne solidaire.
merci

[laetitia]

Marie, je suis bouleversée à la lecture de ton post. Un suel mot d'ordre ne pas abandonner, et passer à côté de quelqu'un comme le redoute TD.
bon voyage ...Laetitia

[mai]

je suis bouleversée...je t'embrasse fort, je pense à toi...